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Nathalie Hurtier et Olivier Valézy

Un texte de l'essayiste Gérard Astor pour l'exposition "Communes différences, comme une différence"


Le voyage des autres

D’abord l’étape.

L’étape comme arrêt qui instaure un lieu et un temps d’absolu. Solide. L’étape comme emportée, toujours, par le flux du temps et l’infini de l’espace.

Fugace.

C’est dans cet oscillement, ce scintillement que s’impose l’arrêt proposé au visiteur dans la Collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier d’Orléans, et plus tard la Collégiale Sainte-Croix de Loudun par 4 peintres et 3 sculpteurs, un arrêt de voyageur sans fin.

La solidité s’impose dans la matière de la fabrication, sentiment affermi par la diversité des matériaux où puisent les artistes. Il y a là du ciment, des sables, du papier, des « ocres de terre », de l’« incarnation », de la nature en sa luxuriance, du minéral et végétal, du carton, que cette matière soit modelée ou suggérée.

Fugacité en ce que, partout, c’est le mouvement qui l’emporte. Que les personnages soient immobiles en partance, qu’ils soient en voyage indécis, qu’ils soient suspendus en équilibre, qu’ils débordent de leur tableau, qu’ils se figent, qu’ils ne soient là qu’au profond de leurs yeux, qu’ils soient le visiteur d’une peinture qui invite à entrer, qu’ils surgissent d’un fond auquel ils ne cessent d’appartenir.

C’est qu’il s’agit d’avènement. Avènement de mythologies possibles, qui pourraient rendre compte de notre propre marche faite de haltes pour saisir dans notre lieu et notre instant ce qui se joue de la vaste histoire de notre humanité. Des images en relief qui vont nous habiter dans notre propre intérieur de voyageur.

C’est là que prend sens la manière dont ces sept artistes investissent les lieux. Bâtisses romanes, la Collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier d’Orléans et la Collégiale Sainte-Croix de Loudun font alliance entre leur vocation sacrée et la rencontre avec l’art. Les œuvres « exposées » auront la « staticité » des murs et la mouvance des parcours. Elles auront l’immobilité nécessaire pour que les capte le regard, et le vertige commun pour animer ce qui bouge les esprits et les corps.

Dans ce moment de notre Histoire où vacillent, dans une saisissante fixité grosse de tempêtes, nos murs, nos convictions, nos espoirs, nos interrogations, nos faiblesses, nos courages il est nécessaire de croiser, étape par étape, le voyage des autres et en percevoir le sens.

Gérard Astor auteur dramatique, essayiste

2016




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